Ithro 5777

La première Mishna de Avoth nous rappelle la chronologie de la transmission de la Thora. Tout commence donc par Moshé qui l’a reçu au Har Sinaï avant de l’enseigner à Yeoshoua etc… On nous explique à chaque étape qui est le donneur et qui est le receveur. On est alors en droit de s’interroger à propos de Moshé, pourquoi c’est le lieu qui est cité. Notre maître le Maharal explique qu’il ne s’agit pas de nous situer géographiquement, mais que l’expression ‘’kibel Thora missinaï’’ ne se traduit pas ‘’il a reçu la Thora au Sinaï’’ mais ‘’la Thora DU Sinaï’’. C’est en fait une définition concernant la Thora qui nous est indiquée.

Le concept ‘’Thora du Sinaï’’ désigne ce que les enfants d’Israël ont appris et ce qu’ils ont vécu lors de cet événement. Le Midrash, dans son récit du don de la Thora, précise qu’au moment où Hashem a prononcé les premières paroles des dix commandements, la nature s’est entièrement figée. Pas un animal n’a émis le moindre son, les océans étaient complètement immobiles, les humains étaient pétrifiés. Seul la voix d’Hashem résonnait en disant « je suis Hashem… ». On constate que l’existence d’Hashem a été reconnue à cet instant par le monde dans son intégralité. Ce silence est en fait l’expression de l’acceptation du premier commandement. Désormais, l’existence a un nom : Hashem.

D’après certains décisionnaires (Rambam, Ramban), les fondements de la Emounah reposent sur la croyance en Maamad Har Sinaï. Ne pas y croire reviendrait à tout remettre en question.

Les capacités intellectuelles de l’individu sont directement liées à son aptitude à suivre le développement d’un raisonnement. La cohérence d’une réflexion dépend donc de la Nékouda (point) de départ de l’idée. Une pensée détachée de son sujet initial sera considérée comme une élucubration. Comprendre ou réfléchir, c’est poursuivre fidèlement un cheminement. La Thora contient une multitude d’enseignement. Mais ils sont tous déterminés par le commencement de la découverte de son message. La Mishna nous apprend que tout a démarré au Har Sinaï. Il y a dans cette maxime, comme un décret : ne pas oublier la Nékouda de départ ! La Thora ne sera comprise que par celui qui se resitue dans le contexte dans lequel elle a été donnée. Voilà le mode d’emploi de la transmission. On a toujours beaucoup insisté dans les familles juives sur les traditions. Elles sont comparables au contexte des choses à défaut parfois de symboliser l’essentiel. Certains (!) ont l’habitude à la veille du shabbat Ytro de fêter l’événement en organisant une Séouda. Peut-être y retrouve-t-on l’idée du contexte recréé pour mieux transmettre ?

Shabbat shalom

Rav Yakov SITRUK

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