Vayehi 5780

Essayons à travers ces quelques lignes participer à la liesse du Siyoum Hashass. En effet la clôture de l’étude du Talmud est aujourd’hui un événement planétaire. Des dizaines de milliers de personnes à travers le monde se pressent tous les jours autour des Rabanim et enseignants pour étudier le Daf Hayomi, la page quotidienne.

Quand on réalise de l’importance et de la richesse du Talmud, on comprend aisément la portée d’un tel événement. La Guémara est sans conteste l’héritage le plus significatif de notre tradition. Etudier la Guémara, c’est vivre l’expérience du Limoud. Seuls, ceux qui ont la chance de découvrir cette étude peuvent réaliser de la sagesse et de la profondeur des enseignements de la Torah et de nos maîtres.

Je voudrais pour ma part, partager des souvenirs marquants, qui dénotent l’attachement qu’avait mon père zatsa »l, pour le Daf Hayomi. Je me rappelle qu’il avait terminé son cycle d’études pour la première fois en 1983. Il était alors Grand Rabbin de Marseille. C’était pour toute la ville un événement. Tous les Rabanim étaient présents à cette fête qu’il avait organisée chez nous à la maison. A cette époque l’étude du Daf Hayomi n’était pas aussi répandue qu’aujourd’hui. Il a eu depuis le mérite de finir plusieurs fois l’intégralité du Shass. Je le revois encore partout et tout le temps, avec sa Guémara qui ne le quittait jamais. Il y a très longtemps, c’était une collection de livres de petit format et de couleur bordeaux, qu’il a un jour fait relié. Plus tard, il a acheté un Shass un peu plus grand. Il en était encore plus heureux. Dès qu’il avait quelques instants, il se plongeait avec amour dans son étude. Quand en voiture il était conduit par quelqu’un, quand il prenait l’avion, quand d’autres allaient se détendre où se reposer, lui faisait tout pour garder le rythme et être tout le temps à jour. Cependant, le fait le plus marquant remonte à la période qui a suivi son accident de santé en 2001. Après son AVC, le coma qui s’ensuivit et une longue période de rééducation, il avait énormément de mal à se concentrer pour étudier sa page de Guémara. Il en était excessivement malheureux. Chaque tentative se soldait par un échec qui l’affecter profondément. Plus de 850 jours passèrent sans qu’il puisse étudier son Daf. Un jour béni, il eu le bonheur de rencontrer un homme qui lui permit de reprendre son étude. Après avoir réussi à reprendre le rythme de l’étude de sa page quotidienne il nous annonça avec beaucoup de conviction sa volonté de rattraper toutes les pages qu’il n’avait pas pu étudier. Il lui fallut plusieurs années. Il tenait à jour au quotidien un programme qu’il s’était fixé pour petit à petit combler ce manque qui l’avait tant fait souffrir. Et voilà que ces efforts ont été couronnés de succès quand il a pu compléter et rattraper l’intégralité de son retard. On a pu non seulement constater la force de sa volonté mais surtout son attachement à l’étude de la Guémara. Vous imaginez son émotion et celle de tout son entourage. Ce Siyoum là m’a évidemment autant marqué que le premier.

C’était dans sa vie l’une des choses essentielles et ce qu’il y avait de plus important pour lui. Il ne fait aucun doute que tout ce qu’il a pu vivre et réaliser était parfumé de cette étude quotidienne. Il y a puisé sa force et son attachement à Hashem, ainsi que la sagesse qui le caractérisait. Voilà pourquoi il me semble que cet événement devenu aujourd’hui si important doit concerner chacun d’entre nous. Il disait toujours que rentrer dans un lieu d’étude c’est comme rentrer dans une parfumerie: on en ressort toujours parfumé.

Ne ratez pas l’occasion de participer au Siyoum et de bénéficier de cette extraordinaire H’isouk ! Et pourquoi pas, d’être également de ceux qui le fêteront dans environ sept ans. Puisse le mérite de la Torah nous rendre tous les jours un petit peu meilleurs.

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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