Vayigash 5777

L’un des thèmes de notre Parasha est celui des retrouvailles entre Yossef et ses frères. Ce moment unique est porteur d’une émotion que l’on imagine aisément et dont la Torah se fait l’écho durant plusieurs versets. Lorsque les frères s’apprêtent à rentrer chez leur père, Yossef leur fait un certain nombre de recommandations. L’une d’elles consiste à les mettre en garde pour ne pas qu’une dispute les oppose ou les divise : אל תרגזו בדרך selon l’une des explications de Rachi. Par ailleurs, le midrash (psiktah) nous enseigne qu’après l’arrivée de Yaacov en Egypte, Yossef a réussi à ne jamais s’isoler avec lui tout au long des 17 années qu’ils vont passer ensemble. Il redoutait que son père l’interroge sur les conditions de son départ précipité. Yossef refusait de se voir obligé de raconter le rôle de ses frères dans cet événement. Dans un autre texte du Midrash Raba, nos maîtres nous enseignent que durant toute sa vie Yaacov n’a jamais prononcé la moindre parole vaine. La seule exception sera la fois où il reprochera à ses enfants d’avoir mentionner leur jeune frère lors de leur interrogatoire en Egypte.

Il apparait clairement à travers ces exemples que le souci permanent de nos Avoth était de ne pas exprimer de parole négative. D’aucune façon. Même dans les situations tellement compliquées. Mon père זצוק »ל avait fait de ce principe l’un des fondements de sa vie. Il répondait souvent à ceux qui lui demandaient ce qu’il y avait lieu d’arranger ou sur quel point fallait il se travailler, de lutter contre la parole négative. Cette midah permet de perfectionner toutes les autres.

Il est impossible de passer sous silence la tragédie qui frappe de plein fouet les familles Zouari et Cohen. Elle nous concerne à tous. Evidement tout le peuple juif, mais particulièrement la communauté française. On est tous désemparé face à une telle épreuve. On réalise subitement ce que la détresse peut engendrer. On est submergé de questions et d’interrogations. Elles sont bien sûr légitimes, dans la mesure où la raison nous permet de refreiner les spéculations quelques fois irresponsables. La question existe, elle est indépendante de la réponse. L’absence de réponse vaut mieux que la réponse improbable. La situation exige de la part de chacun des paroles positives. Du réconfort, de la compassion, de l’espoir, de la douceur. Voilà un exemple supplémentaire dans lequel la parole négative pourrait être dévastatrice h’as véshalom. Nous tenons à exprimer à nos amis les Zouari et Cohen notre profonde affection et nos vœux de consolation les plus sincères. Soyons capables de ne prononcer que des paroles agréables et qu’HaShem nous accorde de vivre que des moments qui nous inspirent ces belles paroles. Amen

Shabbat shalom

Rav Yakov SITRUK

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