Balak 5778

Nous approchons à grands pas de la période qui est appelée « beyn hametsarim », « entre les frontières ». Elle désigne les 3 semaines qui séparent le 17 Tamouz du 9 Av. Toute cette période est consacrée au rappel de la destruction des deux Baté Hamikdash. Elle doit en premier lieu nous permettre de réaliser notre désarroi face à ce manque dû à cette perte immense.

En effet, l’absence du Beth Hamikdash nous prive tout d’abords de la possibilité d’apporter des Korbanoth (sacrifices) afin d’expier nos fautes, procédure dont la Torah parle à maintes reprises. Par ailleurs, le Sanhédrin représentait l’instance suprême composée des 71 plus grands sages du peuple d’Israël et qui permettait à notre peuple de trouver la voie qui correspond à la volonté de Hashem dans tous les domaines : politique, économique, social, juridique…

Une instance de cette nature manque cruellement à notre peuple aujourd’hui. En effet, elle était constituée de maîtres incontestés qui, par leur vie morale et leur exemple, constituaient déjà une référence. De surcroit, ils motivaient et expliquaient leurs décisions qui étaient finalement acceptées de façon universelle.

Cette autorité morale et juridique est beaucoup plus fondamentale qu’ « un pouvoir politique ». En effet, celui-ci devait se soumettre aux décisions du grand Sanhédrin, qui avaient été dictées par la sagesse et l’inspiration divine.

Voilà pourquoi dans nos prières quotidiennes, après avoir souhaité le total rassemblement des exilés sur la terre d’Israël : « Mékabétz nidh’é Amo Israël », nous souhaitons immédiatement le rétablissement de cette justice : « Hashiva shofténou kévarishona ».

Il me semble que si ce manque est durement ressenti au sein du peuple d’Israël c’est parce qu’une telle instance est seule capable d’unifier toutes les tendances du peuple juif et est de nature à forcer le respect de tout un chacun. Ce lieu servait d’ailleurs d’expiation pour toutes les nations du monde. Il était le symbole de la primauté spirituelle d’Israël.

La justice est selon la Torah une notion d’une dimension spirituelle. Il est vrai qu’au fil du temps, les hommes s’en sont ‘’emparé’’. On cherche à adapter cette valeur à la société. Mais cette société devrait comprendre que sa véritable vocation est de vivre avec son temps selon les directives de la Thora. Seule une justice et une morale définie et indépendante sont capables de protéger l’homme de toute dérive. Il est évidement difficile de ressentir ce manque dans un monde consumériste et basé avant tout sur le profit et la jouissance à tout prix.

En ressentant, avec une profonde sincérité, combien cette autorité nous fait défaut et qu’elle fera également l’admiration de tous les peuples, il est évident qu’Hashem sera sensible à nos prières et nous accordera très bientôt cette immense cadeau que nous attendons.

A l’heure où sont rédigées ces quelques lignes, on peut encore être convaincu qu’il n’y aura pas de 9 Av 5778.

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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