Tsav 5777
Après avoir nettoyé, frotté, gratté, décapé, lustré, et fait briller nos maisons, placards, cuisine, vêtements, voitures… effectué les achats, les retouches, les lessives… nous voila enfin arrivés à Pessah’. Nous rentrons dans la phase deux, celle au cours de laquelle il va falloir accomplir les Mitsvoth : h’amets, matsa, haggadah, coupes de vin, h’arosseth, marror, hallel, (msoki !), omer…. La liste pourrait encore s’allonger.
Cette profusion de Mitsvoth nous vient des circonstances de la sortie d’Egypte. Au moment d’annoncer à Moshé la libération prochaine d’Israël, Hashem prescrit également la Mitsvah de Rosh H’odesh et du sacrifice de Pessah’. Juste après, dans le récit de ces événements, la Torah nous raconte le détour que font les Béné Israël dans le désert. Rashi explique la raison de ce trajet en insistant sur le fait que le peuple risquait de ‘’regretter’’ sa libération et d’envisager un retour en Egypte.
On imagine donc aisément l’appréhension des juifs en se lançant dans cette nouvelle vie. Le meilleur moyen de les encourager sera de leur donner des Mitsvoth. En effet, le caractère imposé de la Mitsvah permet à l’homme de se situer dans une démarche en évitant le questionnement inapproprié. Nos maîtres nous rappellent fréquemment que le démarrage est déterminant dans la démarche et, qu’il est à ce titre l’étape la plus difficile à franchir. La personne sait souvent ce qu’elle doit faire. Ce qui est bien. La réticence provient de la détermination nécessaire pour passer à l’acte. Les H’ah’amim ont diagnostiqué et statué sur cette problématique. Cet individu est en manque de H’isouk ! Il arrive tant de fois que l’on veuille faire, accomplir ou réaliser, mais l’énergie n’est pas au rendez-vous.
La Mitsvah est certes contraignante car elle est un devoir et une obligation. Cependant, elle véhicule une énergie considérable. Elle dynamise celui qui l’accomplie au même titre qu’elle le valorise. Lorsque l’on m’oblige, on me signifie clairement ce que l’on attend de moi, donc ma valeur, mais aussi ma place dans la société et mon rôle dans l’accomplissement des choses.
La fête de Pessah’ nous invite à revivre ce qui a été l’événement qui demandait le plus de force et d’énergie au peuple juif de toute son histoire. Cela s’est passé au ‘’mois du printemps’’. Lorsque la nature entame sa renaissance. Ce nouveau départ qui justement contient cette vitalité extraordinaire et indispensable.
Alors Pessah’ fête des Mitsvoth ? Assurément. Evénement épuisant ? Certainement pas. Au contraire, cette fête est l’occasion à ne pas manquer pour faire le plein de force et de dynamisme, d’entrain et d’empressement. Chaque Mitsvah (voir plus haut la liste incomplète) nous permettra d’accumuler un peu plus d’ardeur et de vigueur.
Alors s’il est vrai qu’il existe de plus en plus de possibilités de ne pas se fatiguer à Pessah’, comment envisager de passer à côté de cette occasion unique.
Hommage à tous et surtout toutes les fatigué(e)s du seder de Pessah’, et hommage à nos mères et grands-mères qui ont été de si beaux exemples !
Shabbat shalom
Rav Yakov Sitruk