Beha’alotekha 5777

Il est question, au cœur de la Parasha, des déplacements du Aron Hakodesh, l’Arche Sainte. Deux versets entourés d’un ‘’siman’’ sous la forme de deux Noun renversés font état du Aron qui se déplace (binsoa) ou qui s’arrête (ouvnouh’o).

Le Livre de Bamidbar est consacré au récit des pérégrinations du peuple d’Israël dans le désert. Durant la traversée qui se prolongera quarante ans, les juifs vont connaître une succession d’échecs, de succès, de déboires et de victoires. Ce lieu si particulier va contribuer à la réalisation du peuple juif, de par ses caractéristiques hors normes.

Après avoir vécu en Egypte, Israël n’a-t-il pas subi l’influence de cette culture polythéiste à outrance, favorisant l’acception de n’importe quelle divinité, du moment qu’elle représentait une perspective nouvelle et différente ? L’enseignement des Avoth, reposait à l’inverse sur l’exclusivité d’Hashem, LA Tsoura, et la nécessité pour l’homme de s’adapter aux règles fixées par la Torah. La multitude de références spirituelles permettait à Mitsraïm de trouver une ‘’forme’’ à chacun de leurs projets, de légitimer l’adoption de leurs choix tout en définissant les réalités selon leurs volontés. La Tsoura ne pouvant être qu’univoque nos Sages ont défini cette philosophie avec une expression : l’absence (hééder) de Tsoura (forme ou définition).

Au moment de leur libération, les béné Israël doivent évacuer cet endoctrinement. Ne plus avoir en tête d’autre Tsoura que celle d’HaShem. On comprend à présent l’intérêt d’un séjour prolongé dans le seul lieu neutre, voire vide, qu’incarne le désert.

Le monde, après avoir été créé, passera par une période de TOHOU –absence de Tsoura- durant deux milles ans. Viendront ensuite les deux milles ans de Torah pour combler cette absence de précision, de définition et de démarcation. Les Avoth vont chacun apporter une perception de la Torah et d’HaShem nous permettant de mieux comprendre les contours de l’existence, la clarté des réalités. Avraham par la midah du H’essed absolu incarnera la dimension de la grandeur – Gadol. Grâce à sa rigueur et sa retenue, Itzhak nous enseignera la force et la puissance – Guibor. L’homme de la vérité et de l’équilibre, Yaacov, démontrera l’aspect extraordinaire et impressionnant d’Hashem – Nora. C’est par la Torah que le monde trouvera l’équilibre impératif et rigoureux. Lorsque cette dernière fût donnée au peuple juif, on la plaça dans l’arche sainte appelée Aron. Ce Aron dont les lettres forment en sens inverse le mot Nora, sera leur guide et leur rempart lors des guerres dans lesquelles ils affronteront les nation ennemies. Ces peuples qui chercheront à nous imposer leur Tsoura, pour nous assimiler à leur perception de la vérité. Le Aron pourrait n’être qu’un meuble qui contient un objet aussi précieux soit il. Il symbolise en fait les contours à ne pas dépasser, la frontière à ne pas franchir. La Torah à travers cette place qu’elle occupe et qu’elle a décidé de toujours garder, dans tous les lieux de prière et tout au long de l’histoire, nous donnera l’exemple de la réserve et de la maîtrise.

Les deux versets cités plus haut, rappellent aux lecteurs que nous sommes, que la Torah avance, se déplace, va vers les juifs, afin de les guider et les protèger – binsoa. Mais elle ‘’sait’’ aussi se poser, rester en retrait, insinuer plutôt que d’imposer – ouvnouh’o. Le parfait équilibre qui représente la seule et vraie définition des choses.

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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