Houkat 5777

Existe-t-il UNE personne susceptible d’affirmer qu’elle ne connaît pas la dispute ? La réponse à cette malheureuse question est évidement : NON !

Le Midrash rapporte qu’au moment de la création de l’Homme, HaShem soumet son « projet » aux Malah’im en déclenchant un débat passionné. Parmi les opposants, on entend le préposé au Shalom contester énergiquement cette idée. Il proclame : l’Homme sera koulo ketata (que discorde) !!!

L’Homme, cet être inquiet, est tourmenté par le risque que sa place lui soit ‘’volée’’. Toujours sur la défensive, ses réactions seront souvent celles de celui qui cherche à se défendre.

Mais d’où vient cette nature ?

Lors de la création du monde, la Thora nous rapporte que le deuxième jour les eaux ont été séparées. Une distinction entre les « eaux d’en haut » et les « eaux d’en bas » est établie. Dès lors, apparaît dans la création, le concept de la division. Il s’agit désormais d’une nécessité, puisque la réalité de l’existence dépend désormais de l’opposition. C’est donc par l’eau que la dualité, donc la définition, devient précise. Nos Maîtres, les Rishonim nous enseignent que les quatre éléments – ou qualités élémentales – sont à l’origine de la constitution physique, mentale mais aussi comportementale de l‘Homme. Ils établissent un parallèle entre eux et nos Midoth. Le rav Haïm Vital précise que l’eau symbolise la passion et le désir (Taavah). En effet, les propriétés de l’eau font qu’elle n’a pas de forme propre mais qu’elle adoptera toujours celle de son contenant. Par contre, lorsqu’elle se déversera, elle coulera en s’éparpillant de manière diffuse et il sera alors impossible de la récupérer dans son intégralité. Ainsi, une personne qui se laisse guider par ses passions dans une recherche unique de plaisir, ressemble à cette eau qui coule, perd la forme qu’elle avait acquise est ne redeviendra pas complètement ce qu’elle était.

La division et la dispute procèdent de cette même logique. Il est important pour chacun de pouvoir s’affirmer et d’exister à travers ce que l’on pense ce que l’on dit et ce que l’on partage. Ceci peut parfois entraîner des affrontements. Ils ne sont pas forcément graves. Ils dépendent de la motivation et de la recherche qui les animent. Comme l’eau, l’individu est enclin à s’adapter à la structure qui lui permet de se contenir, à l’environnement dans le quel il évolue et qui fait de lui ce qu’il est. Cette « forme » devient son existence. Il ne faut cependant jamais perdre de vue que cette définition de lui-même progresse justement parce qu’il sait s’adapter et assimiler l’influence que le monde peut lui apporter.

Le vrai sens de la Mah’loket se trouve précisément dans cette notion. Une dissension peut être bénéfique quand elle a pour objectif, de la part des antagonistes, de s’imprégner de l’échange dans la diversité. Nos Maîtres du Talmud n’ont pas hésité à s’affronter sans jamais oublier de s’écouter attentivement mutuellement.

Dans notre Parasha, le peuple d’Israël va pousser Moshé Rabénou dans ses retranchements. A cause de l’eau, il ne pourra rentrer en Erets Israël et nous serons privés de ce qu’il pouvait nous y apporter. Comprendre la dimension incarnée par l’eau, c’est intégrer la valeur de l’un des éléments les plus précieux et les plus significatifs de la création.

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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