Toldot 5778

La Torah, dans le merveilleux récit de la vie des Avoth, nous raconte l’histoire de la Bérah’a qu’Itzhak va accorder à Yaacov.

Il est bien connu que cette bénédiction arrivera de façon détournée, présentée comme une ruse par Yaacov qui, littéralement, se déguise en Essav.

En fait, la leçon qui nous est donnée ici est celle de Yaacov qui endosse le vêtement d’Essav et qui est prêt à se faire passer pour lui. Yaacov qui incarne le juif respectueux de la Torah et des traditions et Essav son antagoniste.

Au moment de cette bérah’a, Itzhak demande à son fils de s’approcher, respire ses vêtements et le bénit en disant : « l’odeur qui se dégage de mon fils est comme celle d’un champ que l’Eternel a béni. » Pourtant il s’agit d’une peau de bouc qui est loin de dégager une odeur agréable.

Sans doute que l’odeur qu’Itzhak a ressenti est celle d’un fils, Yaacov, observant la Torah qui accepte de se faire prendre pour Essav. De là vient la bonne odeur !

En effet , dans notre histoire chaque fois qu’on a maudit ou insulté les juifs, en les traitant – par exemple – de « sales juifs », ce n’était pas l’un ou l’autre que l’on visait mais tous les juifs. Et même si tel ou tel d’entre nous n’a jamais rien fait de mal, il acceptait d’endosser la responsabilité de cette insulte.

Dire que chaque membre du peuple d’Israël est solidaire l’un de l’autre est bien la leçon que nous en retirons. Faire partie d’un peuple équivaut à assumer ce peuple.

Cependant, la bérah’a reçue par Yaacov est loin d’être usurpée. En effet, nos sages expliquent bien qu’Itzhak, loin d’être dupe, et savait pertinemment qu’il bénissait Yaacov. Il a réalisé qu’elle lui revenait et qu’il en ferait meilleur usage.

Essav va pourtant contester avec véhémence cette bérah’a jusqu’au jour où aura lieu la fameuse lutte entre l’ange d’Essav et Yaacov. Pendant ce combat, Yaacov prend le dessus sur l’ange qui lui demande de le laisser partir. Yaacov a cette phrase extraordinaire : « Je ne te laisserais partir que lorsque tu m’auras béni, mais il est écrit en hébreu non pas « lorsque tu me béniras » (au futur) mais « lorsque tu auras reconnu que ma beraha était légitime », « ki im berah’etani ». Il méritera alors le nom d’Israël.

Cette nuance est de taille. Cela veut dire que la légitimité de Yaacov sera enfin reconnue.

Mon père Zatsa’’l disait : telle est la problématique de l’histoire juive. Les juifs vont être accusés de tous les maux, pris pour des tricheurs, des menteurs, des cupides… Et puis un jour les nations du monde, incarnées ici par Esaü, reconnaitront leurs erreurs et diront à Yaacov : « oui, tu mérites d’être le représentant de D. sur cette terre et les bénédictions qui t’ont été accordées sont bien légitimes. »

En attendant cette période heureuse, il nous faut accepter d’être traiter pour ce que nous ne sommes pas forcement et d’endosser les responsabilités de nos frères.

Puis viendra le temps de la vérité !

Shabbat shalom

Rav Yakov SITRUK

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