Chemot 5778

Cette semaine, dans toutes les synagogues du monde, s’ouvre le deuxième livre de la Torah : Chemoth, l’exode. Ce dernier va nous raconter l’histoire du peuple d’Israël en Egypte.

Durant l’esclavage égyptien, les mesures prises par pharaon visait bien sûr à empêcher le peuple juif de se développer. Mais, celui-ci au contraire se développe religieusement.

Pharaon s’adressa aux deux « sages femmes ». Nous devrions dire « femmes sages », puisque l’on appelle en hébreu la femme qui aide les autres à accoucher, une femme sage, une « h’ah’ama ». (Notons que le mot utilisé par la Torah est « méyalédeth » qui forme les mêmes lettres que « talmid » : élève).

De là découle l’interprétation qu’il est possible de donner : la méyalédeth est celle qui voit la première l’enfant, avant même sa maman. Or, dans la Michna de Pirké Avoth, il est écrit : « Ezéhou hah’ah’am ? haroé eth hanolad », « qui est l’homme sage ? Celui qui voit ce qui va arriver », évidemment sur le plan symbolique.

Donc, ces deux sages femmes – que la Torah désigne comme étant les interlocutrices de Pharaon – se font appeler Shifra et Poua.

La traduction orale nous raconte que toutes les deux sont parfaitement identifiées. L’une s’appelait Yohéved : la mère de Moché Rabenou et l’autre : Myriam, sa sœur.

Si la Torah ne les désigne pas par leur prénom mais par un surnom, c’est pour nous indiquer qu’elles avaient chacune une fonction différente.

Shifra, vient d’un mot hébraïque « chefer », qui veut dire rendre beau. Ainsi, le rôle de la première était de « rendre beau l’enfant ». C’est à dire de le rendre propre, agréable, de le parfumer avant de le montrer à sa maman, pour que celle-ci ait encore plus envie de le garder.

Quant à la deuxième, Poua, terme qui vient d’une racine signifiant parler « poha », elle avait pour rôle de parler dans l’oreille de l’enfant comme pour le rassurer, mais peut-être aussi pour lui faire passer un message.

De ces deux femmes Je voudrais tirer une leçon valable encore aujourd’hui puisqu’il s’agit de la naissance des bné Israël.

Nous pouvons conclure que la façon de « mettre au monde » les bné Israël, est de concilier ces deux exigences. L’une qui est la beauté : Shifera , l’autre qui est le message, la vérité : Poua.

Un juif, est quelqu’un qui tente de concilier deux exigences souvent contradictoires : l’esthétique et la vérité.

Or, dans le monde ce qui est beau est rarement vrai. De même, nous pouvons constater que ce qui est vrai ne prend pas toujours le temps d’être beau.

Etre juif, c’est montrer au monde que ce qui est vrai doit être beau.

La Torah reviendra à plusieurs reprises sur cette idée. Notamment au moment de la traversée de la mer rouge, où il est dit : « Zé Eli véanévéhou », « Il est mon D. et je veux le rendre beau ».

Le Talmud, dans la Guemara Chabath, interprète ainsi le fait d’acquérir « un beau loulav », « un beau talith », de construire « une belle soucca ». En un mot, de rendre la mitsva belle.

Je crois que cette idée est nécessaire de nos jours, et ce afin de ne pas assimiler la mitsva à un parent pauvre.

La mitsva doit être anoblie, rendue agréable, belle, pour inspirer aux autres l’envie de la faire à leur tour.

Finalement, c’est ainsi je crois que nous nous devons d’éduquer la jeunesse d’aujourd’hui, en leur montrant que la beauté doit être une partie intégrante de la vérité.

Il est question de deux attributs donnés par D. et que le peuple juif a le devoir de transmettre.

Rav Yossef H’aïm Sitruk zatsa »l

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