Ythro 5778

Le don de la Torah est précédé de l’arrivée de Ytro au sein du peuple d’Israël. Il y est accueilli par Moshé en personne, lui-même accompagné de son frère Aharon qui sont rejoints par tous les béné Israël. Ce personnage qui se joint pour un temps aux juifs, va laisser une empreinte indélébile, au point que la Parasha du Matan Thora portera son nom. En observant son comportement on remarque que Ytro va observer puis ‘’critiquer’’ la façon dont Moshé se comporte à l’égard de son peuple. Il dira : lo tov hadavar asher ata ossé ! (ce que tu fais n’est pas bien). Mais (en gendre parfait- là aussi Moshé est exceptionnel) notre maître accepte le reproche.

La question de Ytro semble clair : comment peux-tu rester assis seul face à tous les autres. Il y a le fait de devoir assumer seul cette fonction, mais également l’attitude qu’il décèle en le voyant assis alors que le peuple reste debout. Pourtant Moshé s’est inspiré d’un autre personnage clé de la Torah.

En effet, Avraham en recevant la visite d’Hashem à la porte de sa tente alors qu’il est convalescent, veut se lever par respect pour Hakadosh Barouh’ Hou. Rashi nous explique qu’Hashem lui intime l’ordre de rester assis ’’comme je le ferais moi-même’’ précise-t-Il ‘’lorsque j’assisterais aux jugements prononcés par les Dayanim du Sanhédrin’’. On se rend compte que l’amour d’HaShem pour son peuple est tel que leur posture n’y change rien. Le Maharal ajoute que l’amour véritable ne peut s’exprimer QUE lorsque la personne que l’on aime n’impose aucune condition et ne réclame rien.

Mais comment faire comprendre cette conduite à Ytro qui ‘’débarque’’ chez nous ? Est il possible pour un regard extérieur d’accepter la bonhomie qui nous caractérisent dans nos lieux saints ? Cette cordialité qui paraît quelque fois si proche de la familiarité ? J’entends déjà certains répondre que le peuple juif VIT pleinement sa proximité avec Hashem ! Qu’il faut que nos enfants se sentent ‘’chez eux’’ à la synagogue pour avoir envie d’y rester le plus possible ! Qu’on y vient habillé comme on l’entend car Hashem nous accepte tels que nous sommes ! Certes, mais ou se situe la limite ? La question de Ytro serait elle un reproche que Moshé a capté et accepté ? Sa réponse est claire et nette : vayisma Moshé lékol h’otno, vayaas kol asher amar (Moshé a écouté son beau père, et il a fait tout ce qu’il lui a dit !!!).

Quelle leçon ! Moshé, le plus grand de tous se garde de rétorqué : tu ne peux pas comprendre !

L’attitude inspirée par Avraham est assurément justifiée et compréhensible par chacun de nous. On y verra que de l’amour et de la proximité. Mais un regard extérieur pout parfois nous rappeler à l’ordre. Nous ‘’recadrer’’ afin de structurer au mieux une relation aussi affectueuse et fraternelle soit elle.

Telle est l’introduction de notre Parasha à l’événement le plus important de l’histoire : le don de la Torah. On a bien compris que Déreh’ érets kadma lathora, les bonnes manières devancent la Torah. Elles nous permettent de la comprendre et de la vivre pleinement.

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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