Mishpatim 5778

Je voudrais parler de la chance qui est la nôtre. Il s’agit de la possibilité que nous avons de nous exprimer. En effet, la faculté d’émettre ou d’extérioriser par la parole est un privilège qu’Hashem a donné à l’homme. Mais, le peuple d’Israël est le plus ‘’gâté’’, car comme il est écrit dans la עמידה des fêtes, nous sommes  »élevés » (romamtanou) grâce à notre langue. Ceci nous responsabilise beaucoup, car il faudra utiliser cet atout convenablement pour ne pas le gâcher. Il est vrai qu’il nous arrive fréquemment d’être tentés de dire des choses qui pourraient dévaloriser cette capacité. Et là, qu’il est dur de se retenir !

Quand un bébé vient de naître, il ne sait pas parler. Il lui faudra de longs mois pour apprendre. Mais ce n’est pas le plus dur ! Tout le reste de sa vie il faudra qu’il apprenne à se taire. Et chacun sait, qu’il est beaucoup plus facile de parler que de ne pas parle r!

Nos h’ahamim disent qu’ ה’ est appelé  »fort » (גיבור) car il sait garder le silence même quand une chose lui déplait. C’est ça la grandeur de la parole.

Dans l’épisode du don la Torah, la parole est à l’honneur. Hashem parle pour la première de l’histoire, mais pour la dernière aussi (pour l’instant). Il prononce précisément deux mots. Immédiatement, les juifs se tournent vers Moshé en lui demandant de prendre la relève : ‘’parle nous toi, de peur que ne survivions pas’’. Ont-ils voulu faire taire Hashem ? On comprend leur revendication quand on connaît les conséquences de cette expérience. Ils ont pourtant commis l’erreur de ne pas vouloir prendre ce risque.

La grandeur d’Hashem apparaît à nouveau lorsqu’il passe la parole à Moshé.

Mais les béné Israël ont tout de même compris la leçon ! A la fin de notre Parasha, la Thora raconte de quelle manière ils se sont engagés. La formulation est magique. Ils disent alors : Naassé vénishma (on fera… et on comprendra). Accepter d’abord, approuver (ou pas) ensuite. En d’autre termes, admettre et se taire ! Deux mots pour s’obliger éternellement.

Avouons que d’autres auraient sans doute discuté, débattu, prononcer de grands discours… Quelle performance ! Ne pas parler car les mots ne peuvent exprimer ce qu’il y a à dire.

On réalise que le silence ou l’économie de mots permettent d’apprécier la valeur de la parole. Que cette soumission apparente est un choix d’une valeur inestimable. Que choisir dans certaines situations de se taire est beaucoup plus difficile mais tellement plus judicieux. Parler ne prouve pas la force et le silence n’est pas une faiblesse.

Alors pour terminer, une petite question ? Qui aimerait être fort ?

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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