Ki Tissa 5778

L’événement de Pourim est pour nous l’occasion de rappeler que c’est la lecture de la Méguila qui va constituer, dans notre tradition, le dernier événement de tout le Tanah’. En effet, nous assistons au moment de la Méguila à la naissance de ce que sera le judaïsme d’aujourd’hui.

Ainsi, les derniers prophètes ont vécu à l’époque de la Méguila. Mordehai va être, pour notre tradition, le premier ‘’Roch Yechiva’’. C’est en effet lui qui va créer le premier centre d’étude et qui va être celui qui prendra le relai des prophètes.

A ce sujet la Guemara nous apprend : « Hah’am adif minavi », « le sage est supérieur au prophète ». Comment comprendre cette comparaison ? La Guemara Berahot p 28 nous raconte que Moshé rabenou avant sa mort a demandé à Hachem : « Que deviendra la torah après moi ? » Hachem l’a projeté dans l’histoire en lui montrant notamment la génération de Rabbi Akiva.
Il voyait donc ce maitre enseignait la Torah devant une foule d’élèves et il assistait au cours avec un immense ravissement. Mais, il ne parvenait pas à comprendre ce qui s’y disait.

Et voila qu’à la fin du shiour, un élève pose la question « mais rabbi d’où sait tu tout cela ? » Et Rabbi Akiva de répondre : « halakha leMoshé miSinaï », nous l’avons appris de Moshé rabenou qui lui-même l’a appris du Sinaï. La Guemara conclut en disant : « Nah’a daato shel Moshé rabenou», « Moshé rabenou a été rasséréné par cette remarque ».

Essayons de comprendre ce texte :
Ce n’est pas qu’il était d’un seul coup heureux de voir que Rabbi Akiva lui attribuait son propre enseignement. Mais Plutôt tout simplement, que Moshé rabenou assistait à une démarche de la Torah qui était celle de la compréhension, et non plus celle de l’intuition.

En effet, Hachem délivre un message au prophète qui le retransmet très fidèlement. Le H‘aham, quant à lui, comprend un enseignement et l’explique.
Quand Moshé rabenou a vu que le message qui était le sien par la prophétie, était capable de transiter via l’enseignement, il fut alors rasséréné. Il s’est dit que la Torah serait transmissible à toutes les générations.

Et il en est effectivement désormais ainsi.
Depuis que les prophètes ne sont plus là pour nous transmettre le message divin, nous nous tournons vers les maitres, les grands sages de la Torah pour qui nous le transmettent.

Toutefois, je terminerais en ajoutant ce que dit Maimonide, Rambam, dans le deuxième livre du guide des égarés : le h’ah’am est doté du « rouah’ hakodech », « d’un esprit saint » littéralement, qui lui permet de pressentir les événements.

Il donne l’exemple d’un h’ah’am qui un jour enseignait à ses élèves et soudain il leur dit ‘’il leur faut quitter cet endroit’’. Il demande donc à tout le monde de se lever et de partir. Quelque temps après, la maison s’effondre. Le h’ah’am avait pressenti le danger.

Voila comment le Rambam exprimait ce don que la Torah donne à celui qui l’utilise de toutes ces forces, ses énergies, et avec sincérité, D… l’éclaire sur les événements à venir.

Encore aujourd’hui, quand nous voulons comprendre ce qui est arrivé ou peut arriver, nous nous tournons vers nos maitres qui restent notre lumière, nos guides.

Comme dit le passouk : « veayou eneha rooth eth zoreh’a », « Tes yeux regardent tes Maîtres ».

Dans le brouillard dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui, comme il est difficile d’y voir clair. La sérénité que procure le maitre de Torah à tous ceux qui l’écoutent, doit être rappelée à l’occasion de Pourim, comme un enseignement que l’exil allait cultiver pour nous permettre d’arriver jusqu’à nous.

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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