Bamidbar Shavouot 5778

A la veille de l’événement le plus central de l’année, deux petites réflexions s’imposent quand aux circonstances dans lesquelles la Thora nous a été donnée.

La première Mishna de Avoth nous rappelle la chronologie de la transmission de la Torah. Tout commence donc par Moshé qui l’a reçue au Har Sinaï avant de l’enseigner à Yeoshoua etc… On nous explique à chaque étape qui est le donneur et qui est le receveur. On est alors en droit de s’interroger à propos de Moshé, pourquoi c’est le lieu qui est cité. Ne fallait-il pas plutôt préciser qu’Hashem a donné Lui-même la Torah à Moshé ? Notre Maître le Maharal explique qu’il ne s’agit pas de nous situer géographiquement, mais que l’expression ‘’kibel Torah missinaï’’ ne se traduit pas ‘’il a reçu la Torah au Sinaï’’ mais ‘’la Torah DU Sinaï’’. C’est en fait une définition concernant la Torah qui nous est indiquée.

Le concept ‘’Torah du Sinaï’’ désigne ce que les enfants d’Israël ont appris et ce qu’ils ont vécu lors de cet événement. Le Midrash, dans son récit du don de la Torah, précise qu’au moment où Hashem a prononcé les premières paroles des dix commandements, la nature s’est entièrement figée. Pas un animal n’a émis le moindre son, les océans étaient complètement immobiles, les humains étaient pétrifiés. Seule la voix d’Hashem résonnait en disant « je suis Hashem… ». On constate que l’existence d’HaShem a été reconnue à cet instant par le monde dans son intégralité. Ce silence est en fait l’expression de l’acceptation du premier commandement. Désormais, l’existence a un nom : HaShem.

D’après certains décisionnaires (Rambam, Ramban), les fondements de la Emounah reposent sur la croyance en Maamad Har Sinaï. Ne pas y croire reviendrait à tout remettre en question.

Les capacités intellectuelles de l’individu sont directement liées à son aptitude à suivre le développement d’un raisonnement. La cohérence d’une réflexion dépend donc de la Nékouda (point de départ) de l’idée. Une pensée détachée de son sujet initial sera considérée comme une élucubration. Comprendre ou réfléchir, c’est poursuivre fidèlement un cheminement. La Torah contient une multitude d’enseignement. Mais ils sont tous déterminés par le commencement de la découverte de son message. La Mishna nous apprend que tout a démarré au Har Sinaï. Il y a dans cette maxime, comme un décret : ne pas oublier la Nékouda de départ ! La Torah ne sera comprise que par celui qui se resitue dans le contexte dans lequel elle a été donnée. Voilà le mode d’emploie de la transmission. On a toujours beaucoup insisté dans les familles juives sur les traditions. Elles symbolisent parfois le contexte des choses à défaut de symboliser l’essentiel. Mais leur importance demeure la même.

Il se trouve donc, que c’est dans le silence que le monde et les nations ont accueilli la Torah. Il est intéressant de relever l’enseignement qu’il faut en tirer. En effet, contrairement à ce que nous observons le plus souvent, plus le silence est respecté, plus l’événement est grand. Lorsque le monde environnant s’efforce de faire du ‘’bruit’’ pour ce qu’il considère comme important, l’expérience vécue au Mont Sinaï démontre le contraire. Le don de la Torah a changé définitivement le monde, la nature, les peuples et surtout Israël ! La création a compris qu’il n’y avait rien à rajouter, mais plutôt tout à comprendre.

Nous sommes souvent inquiets de l’écho provoqué par certains événements. On aime de par le monde crier, scander, invectiver en rugissant dans le but de faire le plus de bruit possible. Surtout quand il s’agit d’Israël. La Torah nous rassure : seul le silence définit l’importance d’une chose. La plus importante de toutes ? Celle qui se déroule à Shavouoth !

Hag Saméah et

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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