Devarim 5778

Après l’évènement du 17 Tamouz, date qui commémore la plus ancienne catastrophe de l’histoire d’Israël, la faute du veau d’or, nous arrivons au 9 Av.

Il y a dans le monde deux types d’expériences : celles qui construisent et celles qui détruisent. Chaque moment de la vie s’inscrit dans l’une de ces deux dynamiques. Il arrive que le sens d’une chose apparaisse immédiatement, mais il est aussi possible que seul le temps permette de définir la portée d’un évènement.

Pour rappel, lorsque Moshé brise les tables de la loi, la pierre sur laquelle étaient gravées les lettres a littéralement explosée au pied du mont Sinaï, les lettres se sont par contre envolées « dans les airs ».

C’est-à-dire que la Torah, privée de son support, devient illisible.

Cette perte de repères, est un préjudice inestimable.

Je voudrais y donner une allusion, en faisant remarquer que le mois de Tamouz commence par la lettre « Tav », dernière lettre de l’alphabet, et le mois qui suit, celui de Av commence par la première, le « Aleph».

La symbolique est claire: l’alphabet est à l’envers.

Les lettres, exprimant chacune l’une des valeurs du monde, se trouvent être dans le désordre. Et l’homme, lui-même, en grande difficulté. C’est l’équilibre de toute la création qui disparaît.

Mais, juste après, le mois de Elloul, commence aussi par un « Aleph ». Il sera suivi de Tichri où l’on retrouve le « Tav ».

L’alphabet est donc revenu à l’endroit : de « Aleph » à « Tav ».

L’histoire de ces lettres, c’est celle de l’homme qui écrit dans le bon sens ou dans le désordre. Qui détruit ou qui construit.

Ce qui a permis ce rétablissement c’est le thème des mois de Elloul et Tichri : la Téchouva, le retour.

En ce moment de recueil du mois de Av nous lisons le livre de Ekh’a ou les lettres sont également inversées. Mais la consolation qui commence à poindre le jour même du 9 Av, indique que rien n’est irréversible. Combien l’homme rencontre ce qui semble être un échec ou une défaillance, mais qui plus tard apparait comme un cadeau d’Hashem qui mène droit vers la réussite ou la réalisation de soi. La patience et la confiance deviennent des mots clé, qui guident l’individu dans son parcours personnel.

Tel doit être le cheminement d’un homme dans sa réflexion et son retour vers lui-même.

Quand ce cheminement a été emprunté, alors chacun découvre qu’il sait faire les bons choix.

Notre génération serait-elle dans cette mouvance de la recherche des repères, et donc du retour ?

Ticha Béav est un moment d’une extraordinaire intensité. Celui qui véhicule le pleurs, la tristesse et le regret, mais aussi la solution, la foie et consolation. Il est la preuve que la difficulté est passagère et surtout enrichissante pour le juif qui sait s’inspirer de chaque expérience de la vie.

Puissions-nous très vite voir clairement cette réalité s’imposer à nous avec l’aide d’Hashem.

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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