Nasso 5779

Au moment de recevoir la Torah il est important de rappeler le principe bien connu de ‘’dereh’ eretz kadma lathora’’ : le savoir-vivre passe avant la Torah.

Une précision s’impose cependant. Cette règle veut-elle dire qu’au nom de la politesse je suis autorisé à faire des concessions dans le domaine de la Torah? Par exemple, puis-je manger tout ce que l’on me propose par courtoisie ? La Torah doit-elle toujours passer au second plan ?

Le Midrash raconte que pendant les 40 jours que Moshé passe près de Dieu dans le ciel pour recevoir la Torah, il ne va ni manger ni boire ni dormir. Nos maîtres du Midrash expliquent que Moshé a agi avec politesse et délicatesse. Comme d’ailleurs les anges venus rendre visite à Avraham, qui ont fait semblant de manger. On réalise que la politesse c’est notamment d’adapter son comportement à l’endroit où on se trouve.

Comprenons à présent comment cela est-il possible. Nos maîtres nous expliquent que la performance de Moshé n’est pas un travail sur soi. On ne peut en effet attendre d’un être humain qu’il dicte des lois à son organisme. S’il a pu s’abstenir de satisfaire des besoins aussi élémentaires ça ne peut être qu’une récompense qu’il a mérité. Son attitude a été de faire passer la Torah avant la moindre exigence ou la moindre nécessité. Si on considère en effet que la dimension de la Torah dépasse les limites de la nature, on peut comprendre le principe de la priorité. Le mot Kadma (passe avant…) désigne non pas l’ordre dans lequel je fais mes choix mais le résultat de mes choix. Désigner la Torah comme étant la priorité dans la vie, c’est décider qu’ELLE déterminera l’importance de tout le reste. Le résultat assuré par nos sages est clair, la Thora rend possible ce qui semblait ne pas l’être ! Le savoir vivre est un moyen de sublimer la Thora. Il ne prend sa place et ne la relègue pas à un niveau inférieur. Lorsqu’une personne est déterminée à vivre une BELLE Thora, les manières et la bienséance deviennent un moyen indispensable à cet objectif. Mais l’un sans l’autre, ne mène à rien.

A ceux qui se demanderaient comment concilier les deux, comment respecter la Thora sans jamais blesser ou froisser ceux qui ne la connaissent pas, Moshé répond que c’est possible. A condition d’accepter ses règles, dont celles liées à la considération d’autrui. Quand l’importance de la Thora domine ma vie, le Dereh’ Eretz devient un outil indispensable et prioritaire. A l’heure ou la question de la place de la Thora dans la société préoccupe certains, Shavouoth nous rappelle la primauté de celle-ci. Il ne s’agit pas de choisir l’un OU l’autre, mais de définir l’importance des valeurs. Qu’est ce qui donne de l’importance au reste, quelle est la référence de tout ?

En recevant la Thora au mont Sinaï, le peuple d’Israël a donné sa vie. Leur volonté et leur détermination à l’accepter et l’adopter sont totales. Elles leur permettront de l’obtenir en devenant des hommes meilleurs. La Thora témoigne d’ailleurs de l’unité des juifs à ce moment de leur histoire. Une histoire et une leçon à retenir et méditer sans modération. Hag Saméah

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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