Vayetse 5779

Nous voici à nouveau dans une situation que nous connaissons trop ! Encerclés par des peuples dont le dessein consiste à nous déstabiliser, de nous discréditer et de remettre en question notre légitimité. Ce n’est évidement pas le résultat qui nous inquiète, nous savons vers quoi nous allons. Il nous faut en revanche saisir le sens véritable des événements. Pourquoi les nations ont autant d’influence sur Israël ? Pour quelle raison notre peuple doit constamment se justifier ? Sommes-nous obligés de rendre des comptes à nos détracteurs ?

Il apparait clairement au fil des Parashioth de Béréshith, que cette relation ambigüe avec les autres peuples date de la naissance de nos patriarches. La Torah, en racontant l’histoire de ceux qui ne sont encore que des enfants, emploie des termes qui se montreront révélateurs. Les Sages expliquent que le prénom d’Itzhak est inspiré de plusieurs faits. On sait tout d’abord que l’annonce de son arrivée prochaine fait ‘’rire’’ ses parents. Ils noteront également qu’au moment où il naît, le monde va connaître le rire. Il apportera avec lui de la joie, des nouvelles dont on désespérait, toutes les femmes qui ne pouvaient enfanter ont eu des bébés… On a alors assisté à des dénouements inattendus car apparemment impossibles. En fait, le rire est la réaction naturelle face à l’improbable. Une histoire est amusante si sa chute est imprévisible. Itzhak sera l’homme des paradoxes, celui de l’impossible. Très vite sa fréquentation d’Ishmaël va poser problème. Le verset dit qu’il le faisait rire (Métsah’ek). Ce mot va faire couler beaucoup d’encre… et de larmes ! Ishmaël retourne contre son jeune frère l’élément qui le caractérise : le rire. En le modifiant, il devient : le ridicule. Quel meilleur stratagème pour dévaloriser et déconsidérer quelqu’un ?

Plus tard, nous retrouverons cette même opposition entre Yaacov et Essav. Ce dernier est le père d’Amalek, cette civilisation intemporelle qui tout au long de l’histoire va mettre un point d’honneur à confronter Israël à ses propres échecs. Le roi Salomon dans Mishlé le qualifiera d’un mot à la consonance implacable : Lets (moqueur). Revoilà la tactique du dénigrement.

Nos Maîtres font la différence entre ces deux attitudes au demeurant très similaires. Métsah’ek – anti obligation, Lets – anti respect. Les deux fils rebelles d’Avraham et Itzhak cherchent à justifier leur choix et leur comportement. Pour se démarquer de leur éducation et faire leur propre chemin, il leur faut résoudre un problème : leurs frères. Le contraste va mettre en avant leurs manquements et on n’hésitera pas à les condamner. En dévalorisant Itzhak puis Yaacov, ils pourront faire croire que ce sont eux qui sont dans le vrai. Le ricanement de l’un lui ‘’permettra’’ de se soustraire à ses obligations, celles qu’on lui apprises. De ce fait, Ishmaël s’inventera de nouvelles règles inspirées par lui-même, inventées pour assouvir des envies ou des ambitions parfois passagères, souvent radicales. Essav quant à lui, utilisera le sarcasme et la raillerie pour se décharger de toute contrainte ou interdiction. Une seule règle : pas de règle ! Et voilà en filigrane l’ébauche d’un occident aussi puissant et conquérant que l’orient avec lequel il finira par coaliser. Une seule entrave : le peuple juif. Ils aimeraient trop que nous leur ressemblions, cela les conforterait dans ce qu’ils ont choisi d’être.

Ces quelques mots serviront de point de départ à une réflexion plus approfondie sur la relation d’Israël et les nations. Il nous reste donc à clarifier l’attitude à adopter face à ce constat. Contre le persiflage et les accusations, nous ne pouvons adopter qu’un comportement affirmé et déterminé. Il est parfois tentant de répondre ou d’expliquer quand on est la cible de critiques. Il faut cependant admettre que c’est souvent perdu d’avance. Un détracteur n’est jamais à l’écoute de celui qu’il désapprouve.

Israël est riche d’une tradition qu’il a toujours suivi et de nombreux exemples dont il a constamment cherché à s’inspirer. Lorsque le peuple juif reste fidèle à son histoire et ses responsabilités il est le plus fort de tous les peuples.

Shabbat shalom,

Rav Yakov Sitruk

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