Behar 5779
La période de l’Omer est particulièrement riche en enseignements.
Le premier d’entre eux consiste tout d’abord à se rappeler l’importance et la valeur du temps. Ce temps qui passe et auquel l’homme ne prend pas garde. En effet, on ne réalise pas de la richesse considérable qu’il contient. L’homme se doit de réaliser que chaque jour a un contenu et qu’il ne tient qu’à lui de l’enrichir.
Construire sa vie, c’est finalement compter ses jours.
Ensuite, bien entendu, il faut se souvenir que la période de l’Omer est une période marquée par un événement douloureux qui est la perte des 24.000 élèves de Rabbi Akiva, que l’on enterrait tous les soirs jusqu’au 33ème jour de l’Omer.
L’usage est de ne pas travailler au moment de la tombée de la nuit pendant 1/2h en signe de deuil. Cette période nous interpelle sur la raison de leur départ prématuré : Ils ne se considéraient pas mutuellement. Là intervient donc une nouvelle dimension, celle de la nécessité de considérer chacun, « même » un simple élève ou condisciple.
Honorer quelqu’un, c’est lui trouver sa place dans le monde, c’est lui permettre d’exister.
Cette relation de « Kavod » n’est pas purement formelle ni conventionnelle. Elle émane de deux sentiments contradictoires : d’une part l’envie de se rapprocher de la personne que l’on veut honorer, l’autre de la nécessité de s’en distancier.
L’exemple type est celui de la relation avec nos parents, nos maîtres, voire même (ainsi que nous y invite la Guémara de H’oulin p84), avec notre propre épouse.
La relation « vraie » est celle qui consiste à concilier proximité et éloignement. C’est cette dimension qui s’appelle le Kavod. Elle crée entre nous une relation authentique.
Enfin lorsqu’arrive le 33ème jour de l’Omer, « Lag Baomer », qui correspond à la Hilloula
de Rabbi Shimon Bar Yohaï, c’est tout un symbole auquel on accède, qui s’appelle le respect des maitres, « Kavod haTorah ». L’élève le plus proche de Rabbi Shimon était son propre fils Rabbi Eleazar, qui cumulait donc la double relation : père /fils ; maitre /élève, que Lag Baomer nous donne l’occasion de vivre.
Et si cette journée est un peu un jour de fête, c’est parce que nous réalisons ce que représente un grand maître en Israël : quelqu’un qui a consacré sa vie entière, jour et nuit, et ce jusqu’au dernier jour, au service d’Hachem et à l’amour d’autrui.
Une vie aussi exemplaire est une source infinie d’enseignements.
Quelle plus belle préparation pourrions-nous trouver pour nous tourner vers l’événement grandiose qui y fait suite : Hag haShavouoth, jour du don de la Torah, dont nous reparlerons à une prochaine occasion.
rav Yossef Haïm Sitruk zatsa »l