Shelaḥ Lekha 5777

L’erreur est humaine ! Cet adage bien connu a tendance à devenir une sorte d’alibi dans notre volonté de justifier nos actes. Nos maîtres n’y sont d’ailleurs peut être pas complètement opposés puisqu’ils affirment que l’homme ne se considère pas Rasha (אין אדם משים עצמו רשע). En revanche, cette perception du ‘’problème’’ ne nous éclaire pas sur la cause et l’origine de la faute. Si se tromper ou rencontrer un échec vis-à-vis de soi répond à un mécanisme, il nous faut chercher l’explication et le déclencheur de cette attitude.

Nous allons donc considérer que la Avéra peut n’être qu’un incident isolé, mais qu’elle est plus fréquemment le résultat d’une erreur de jugement. Elle devient de ce fait la résultante d’une « idée » qui nous est propre, d’un avis personnel qu’il est parfois difficile de faire évoluer.

La parasha de cette semaine termine en évoquant la Mitsvah des Tsitsith. Ces franges qui doivent être nouées aux quatre coins du vêtement, seront au nombre de trois fils blanc et un bleu azur (Téh’életh). Le verset explique que cette Mitsvah permet à celui qui l’accomplie de se rappeler de TOUTES les Mitsvoth d’Hashem. Apparemment le simple fait de porter cet habit symbolise pour la personne l’intégralité des Mitsvoth de la Thora. La Guémara (Sotah 17.) précise que le Téh’életh fait penser à la mer dont la couleur est semblable à celle du ciel, qui lui-même évoque le trône céleste. Cette association d’idées pourrait paraître quelque peu hâtive ! Par quel raccourci peut on passer d’une ‘’simple’’ Mitsvah, à la valeur suprême incarnée par le Kissé Hakavod ?

Concernant la couleur, elle est précisée à propos du quatrième fil, mais pas pour ce qui est des autres. Certains décisionnaires affirmeront qu’ils peuvent donc être de n’importe quelle couleur. La Mishna cite de son côté le blanc et le bleu du Tsitsith. Les H’ah’amim expliquent que le blanc incarne le seul fond sur lequel une couleur peut être révélée de façon parfaite. Sa neutralité permet aux autres éléments de trouver leur définition véritable. Plutôt que de considérer le blanc comme une couleur, on va le percevoir comme un concept, celui qui fait exister TOUTES les couleurs. Bleu-et-blanc devient donc un tandem qui nous permet de comprendre les propos de la Guémara citée plus haut. Parce qu’il ya trois fil blanc, le dernier apparaît ‘’réellement’’ bleu et me conduit alors jusqu’au souvenir du trône céleste. Le contraste, le bleu qui ressort du fond blanc, m’inspire le caractère infini des Mitsvoth dans les quelles je suis invité à m’engager.

Comment s’opère un tel charme ?

Le blanc et sa neutralité susdits, sont semblables à la démarche d’une personne qui fait un choix. L’idéal incarné par le Téh’életh, n’est accessible que sur un fond blanc. Il est impératif, dans la réflexion, de partir d’un point neutre. Choisir, c’est considérer les possibilités qui me sont offertes sans à priori ou préjugé. Comprendre devient une expérience possible et enrichissante, lorsque notre réflexion n’est pas influencée. S’il nous arrive de commettre des erreurs ou de mal juger autrui, c’est certainement à cause d’un manque d’objectivité. Il nous semble évident de penser aux autres ou aux choses à travers nous même. C’est faux ! Cette méprise nous prive justement de la possibilité d’intégrer et de concevoir correctement.

La question qui pourrait nous éviter ces erreurs serait alors : sommes-nous blancs ?

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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