Metsora 5779

Les dix plaies d’Egypte constituent une partie importante de la Haggadah. Elles permettent au peuple juif de réaliser de la présence d’HaShem. Nos maîtres nous font remarquer que le monde a été créé par dix paroles au même titre que la Torah sera donnée par dix paroles. La différence qui oppose ces deux phénomènes si déterminants dans la constitution du monde, se situe dans le terme employé pour désigner ces types de paroles.

La première est appelée Maamar (du mot omer) alors qu’au Mont Sinaï il est question de Dibour (du mot daber). Le premier indique un propos qui reste à définir, comme une notion exprimant un potentiel inouï mais contenu. Il laisse à l’homme l’illusion d’une liberté infinie. L’humanité jusqu’au don de la Torah se comportera de manière quelque peu aléatoire. De la faute d’Adam jusqu’à la génération de la tour de Babel en passant par la tragédie de Kaïn et Abel et le drame du déluge, on découvre que l’homme a du mal à se réaliser. Il peine à se situer dans son rôle et à gérer la liberté que le monde lui propose. Le don de la Torah apportera par le Dibour, un message beaucoup plus structuré et défini. L’homme prendra conscience de ses capacités à travers des règles qui lui permettent de se redéfinir. HaShem occupe dorénavant un espace clairement exprimé.

Dans l’interdiction du deuxième commandement, on nous invite à admettre que le mal (l’idolâtrie) existe en tant que tel et doit donc être proscrit. Ce changement n’a cependant été possible que par les dix plaies qui vont agir comme un décodeur pour passer de Maamar à Dibour. L’intrusion de la présence d’HaShem dans les lois de la nature va conduire le monde entier à définir le sens de l’existence par rapport à HaShem. L’illusion d’une réalité autonome et indépendante de D… disparaît pour laisser la place à celle dépendante de Lui. L’homme devra prendre position vis à vis de la Torah.

La liberté demeure mais dans le cadre d’une ordonnance confrontant l’individu à sa propre dimension, celle que la Torah lui propose. Faire ou ne pas faire, respecter ou pas, il choisira désormais en tenant compte de ce potentiel qui est le sien et des implications de chacun de ses choix.

La sortie d’Égypte représente un changement dans la compréhension de la parole d’HaShem. Celle qui invite l’homme à comprendre que la liberté dépend de parole. Etre libre ne désigne plus le droit à la parole, mais la valeur de la parole. La conscience que chacune permet la réalisation de soi ou d’autrui, ou alors au contraire, un dénigrement pouvant conduire à l’échec des sociétés. La valeur de cette parole s’appelle Dibour.

Shabbat Shalom

Rav Yakov Sitruk

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