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Heshvan: La force des projets

Nous entamons ces jours-ci un nouveau cycle dans la lecture de la Torah. Une nouvelle année vient également de démarrer. Cette notion de commencement va trouver son sens dans le mois de Heshvan. Paradoxalement, ce mois est le plus calme de l’année, on n’y commémore aucun événement.

Dans son deuxième commentaire sur la Torah, Rashi nous apprend que le récit de la Création dans les versets ne nous indique pas l’ordre dans lequel les choses ont été créés. Les Hahamim vont d’ailleurs discuter dans le midrash pour définir cet ordre. Shamaï affirmera par exemple que le ciel est antécédent à la terre. Pour Hillel, c’est le contraire. Toujours selon Shamaï, la création du monde est précédée d’un Shabbat. Hillel considère que le Shabbath est l’aboutissement de la semaine.

Pour comprendre ce débat, il faut rappeler que la halaha est fixée selon l’avis de Beth Hillel jusqu’à la venue du Mashiah. Après, elle sera comme Beth Shamaï.

Ceci est étonnant. Si l’un des deux a « raison » la halaha doit le rejoindre définitivement ? En fait, au delà de la façon de trancher la halaha, les discussions de nos maîtres nous ouvrent des perspectives infinies. Savoir ce qui précède quoi, permet de déterminer les rapports d’influence.

Selon Beth Shamaï, la réalité est telle que le ciel, la spiritualité influence la terre, la matérialité. Selon Hillel, le problème est de situer l’homme dans la création. Ce dernier doit savoir que son rôle est d’influencer le monde. Même le ciel…

Après un Shabbath, on bénéfice de l’influence de celui-ci. Toute la création résulte de la force de ce Shabbath qui la précède. Selon Beth Hillel, donc la halaha de nos jours, celle qui est d’actualité dans un monde en plein dilemme, le Shabbath est un objectif. C’est ce qui va permettre à l’homme de se dévoiler et de s’exploiter. L’influence est d’une valeur considérable, mais l’objectif qui se trouve devant nous, permet de valoriser celui qui le possède. Il semblerait selon le Shem Mishmouel que la discussion entre Shamaï et Hillel porte sur la question de savoir si l’on doit expliquer le sens de la création du monde ou le rôle de l’Homme dans la création.

Pendant la période des fêtes, nous avons été portés par l’énergie des événements. Ils nous ont influencé voire peut être conditionné.

Heshvan est une autre histoire. Va-t-on être capable de se fixer des objectifs ? Ce moment « calme » nous permettra de trouver en nous les forces de les atteindre à condition de les définir. Apparemment, Hillel croit fermement en l’homme. Il considère que le seul moyen de se réaliser, est d’avoir une destination. On a des fois peur de se fixer des objectifs par manque de confiance en soi. Beth Hillel bous rassure, on est capable ! A une condition : avoir un défi à relever.

Le mois de Heshvan est là période de l’année qui permet à chacun de réaliser que tout ne dépend que de nous avec une certitude: on a les capacités de nos objectifs.

Shabbat salom

Rav Yakov Sitruk

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