Shelaḥ Lekha 5778
En chemin vers la terre d’Israël, le peuple désire connaître des détails concernant leur destination. Il est donc décidé d’envoyer des explorateurs. Jusque-là rien de très particulier, leur démarche semble légitime. Cependant une question s’insinue dans nos esprits étonnés par la façon dont les choses vont finir. Est-il possible d’avoir un regard juste sur la terre d’Israël depuis l’extérieur ? Dans le monde entier, Israël est un sujet de conversation qui déchaîne les passions. C’est le pays qui intrigue sans doute le plus, et sur lequel chacun a un avis. On aime, ou le contraire. On est « d’accords » ou « contre ». Jamais indifférent ! Mais finalement, qui peut réellement se permettre d’affirmer connaître, comprendre ou savoir lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi complexe et profond? Qui peut ‘’affirmer’’, alors qu’Israël a été depuis le début une promesse, un projet, un objectif? Mais les explorateurs en reviennent avec une perspective bien définie, une vision catégorique et un jugement intransigeant. Attention toutefois de ne pas se laisser aller à des conclusions hâtives les concernant ! La Thora affirme avec beaucoup de clarté la « qualité » de ces hommes triés sur le volet. Leurs intentions n’étaient QUE positives dans une démarche motivée par la recherche de la stricte vérité. Alors où se trouve l’erreur ?
Ils reviennent en racontant notamment que la terre « mange » ses habitants » Eretz oh’eleth yoshvéa ». On sait pourtant clairement que ces enterrements, auxquels ils ont assisté, étaient orchestrés par Hashem pour détourner l’attention des autochtones. Ils ne l’ont pas compris. C’est donc là que se trouve le cœur du problème. Que faut-il pour voir la ‘’main d’Hashem’’ qui accompagne les habitants d’Erets Israël ?
La Thora nous assure dans le deuxième paragraphe du Shéma, que si les commandements d’Hashem sont respectés par les enfants d’Israël, ils vivront sur leur terre comme le ciel sur la terre : Lémaan Yrbou Yéméh’em…… Kimé Hashamayim Al Haaretets. On peut comprendre de ce verset que la promesse concerne le temps et la durée. De même que le ciel et la terre cohabitent pour toujours, il en sera ainsi pour le peuple et le terre. Il y a une seconde explication. La relation exceptionnelle qui unit le ciel et la terre est fondée sur l’échange. Le ciel donne à la terre la pluie indispensable à sa survie. Mais cette eau ne lui vient que de l’évaporation des océans (notamment) qui se trouvent donc sur terre. Et ainsi de suite, à l’infini, l’un donne, l’autre reçoit, le premier re-donne… La terre d’Israël a un besoin vitale des juifs. Les juifs sans leur terre ne peuvent pas exister. L’échange nécessaire à cette relation reste plus complexe. De quoi chacune deux parties a réellement besoin. Ou plutôt, qu’est-ce que chacun possède, qui est indispensable pour le second ?
Par définition, pour connaître autrui, il faut passer forcément par l’échange, donc le ressenti des besoins de l’autre. Ce principe est également vrai à propos du peuple et de la terre d’Israël. La comprendre et la connaître n’est à notre portée, si et seulement si, on vît ses besoins et on cherche à répondre à ses attentes. Des explorateurs venus de l’extérieur, aujourd’hui ou autrefois, ne peuvent être plus que des observateurs en recherche de compréhension. Ce n’est pas un jugement. C’est un constat. De ce fait, il ne suffit pas non plus d’y vivre ou de la ‘’fréquenter’’, mais bien de lui apporter la dimension dont elle a besoin. La Thora nous l’enseigne de façon explicite à de nombreuses reprises. Voilà pourquoi nous sommes quelque fois attristés par le fait qu’Israël fasse parles d’elle à propos de sujet qui sont aux antipodes de cette dimension qui lui est chère et unique. Certains comportements nous éloignent de cette relation de compréhension. Attention aux évènements qui attire une publicité mensongère à la terre d’Israël. Les Méraglim l’ont perçu comme une terre dure et sévère. Faux ! Dans le monde entier on aime critiquer Israël (la terre ou le peuple ?) en prétendant comprendre ce qui s’y passe. Faux !
Seul le juif qui cherche à apporter à Israël sa contribution et réussit à établir ce lien peut la comprendre et l’aimer. La patience et l’ouverture seront indispensables. Mais, pour conclure, deux certitudes s’imposent : c’est à la portée de tous et elle sait mieux que quiconque rendre le bien qu’on s’efforce de lui faire.
Que nos jours s’y prolonge à l’image de la relation du ciel et de la terre. Amen
Shabbat shalom
Rav Yakov Sitruk